Ils rendent dangereuses les eaux du Pacifique
Qu’est-ce que RIMPAC ?
Depuis 1971, les États-Unis et leurs alliés organisent les exercices Rim of the Pacific (RIMPAC). Les partenaires initiaux de ce projet militaire étaient l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande (Aotearoa), le Royaume-Uni et les États-Unis, qui sont les membres d’origine du réseau de renseignement Five Eyes (maintenant Fourteen Eyes) établi pour partager des informations et mener conjointement des exercices de surveillance. Ce sont aussi les principaux pays anglophones de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN, créée en 1949) et sont membres du traité stratégique ANZUS (Australie, Nouvelle-Zélande et États-Unis), signé en 1951. RIMPAC est désormais un exercice militaire biennal majeur impliquant plusieurs pays de divers niveaux d’allégeance au Nord (Allemagne, Belgique, Brésil, Brunei, Chili, Colombie, Équateur, France, Inde, Indonésie, Israël, Italie, Japon, Malaisie, Mexique, Pays-Bas, Pérou, Philippines, République de Corée, Singapour, Sri Lanka, Thaïlande et Tonga).
RIMPAC 2024 a débuté le 28 juin et se poursuivra jusqu’au 2 août. Il se déroule à Hawaï, territoire illégalement occupé par les États-Unis. Le mouvement indépendantiste hawaïen a une histoire de résistance à RIMPAC, considéré comme un élément de l’occupation étasunienne de la terre hawaïenne souveraine. L’exercice implique plus de 150 avions, 40 navires de surface, trois sous-marins, 14 forces terrestres nationales et d’autres équipements militaires de 29 pays, bien que la majeure partie de la flotte provienne des États-Unis. L’objectif de l’exercice est l’« interopérabilité », c’est-à-dire l’intégration des forces militaires (principalement navales) d’autres pays avec celles des États-Unis. Le commandement et le contrôle principaux de l’exercice sont gérés par les États-Unis, qui sont le cœur et l’âme de RIMPAC.
Pourquoi RIMPAC est-il si dangereux ?
Les documents et déclarations officielles liés à RIMPAC indiquent que les exercices permettent à ces marines militaires de s’entraîner « à un vaste éventail d’opérations potentielles à travers le monde ». Cependant, les documents stratégiques des États-Unis comme le comportement des responsables étasuniens qui dirigent RIMPAC, montrent clairement que c’est la Chine qui est le centre d’intérêt. Les documents stratégiques indiquent aussi sans ambiguïté que les États-Unis considèrent la Chine comme une menace majeure, voire comme la principale menace, pour leur domination et qu’ils estiment devoir la contenir.
Cet endiguement s’est opéré par la guerre commerciale contre la Chine, mais surtout par un réseau de manœuvres militaires étasuniennes. Ces manœuvres comprennent l’établissement de nouvelles bases militaires dans les territoires et les pays autour de la Chine ; le recours à des navires militaires étasuniens et alliés pour provoquer la Chine par des exercices de libre navigation ; la menace de positionner des missiles nucléaires étasuniens à courte portée dans des pays et territoires alliés, y compris Taïwan ; l’extension de l’aérodrome de Darwin, en Australie, pour positionner des avions étasuniens équipés de missiles nucléaires ; le renforcement de la coopération militaire avec les alliés des États-Unis dans l’est de l’Asie dans des termes montrant précisément que l’objectif est d’intimider la Chine ; enfin, la tenue d’exercices RIMPAC, tout particulièrement au cours de ces dernières années. La Chine avait été invitée à participer à RIMPAC 2014 et RIMPAC 2016, alors que les niveaux de tension n’étaient pas si élevés, mais elle n’a plus été conviée depuis 2018.
Bien que les documents de RIMPAC suggèrent des fins humanitaires à ces exercices militaires, il s’agit d’un cheval de Troie. Par exemple, lors de RIMPAC 2000, les militaires ont conduit l’exercice d’entraînement d’assistance humanitaire internationale . En 2013, les États-Unis et les Philippines ont collaboré pour fournir une aide humanitaire suite au typhon dévastateur Haiyan. Peu après, en 2014, les États-Unis et les Philippines ont signé l’accord de coopération renforcée en matière de défense permettant aux États-Unis d’accéder aux bases de l’armée philippine pour entretenir leurs dépôts d’armes et leurs troupes. En d’autres termes, les opérations humanitaires ont ouvert la porte à une coopération militaire accrue.
RIMPAC est un exercice militaire de tirs réels. La partie la plus spectaculaire est celle de l’exercice de naufrage (Sinking Exercise, SINKEX), qui consiste couler des navires de guerre déclassés au large des côtes d’Hawaï. Le navire cible de RIMPAC 2024 sera l’USS Tarawa embarcation d’assaut amphibie de 40 000 tonnes qui fut l’une des plus importantes dans sa période de service. L’impact environnemental de ces naufrages répétés dans les eaux proches des nations insulaires n’a pas été étudié, pas plus que celui de la conduite de ces vastes exercices militaires non seulement dans le Pacifique mais aussi ailleurs dans le monde.
RIMPAC est une composante de la nouvelle guerre froide contre la Chine que les États-Unis imposent à la région. Il est conçu pour provoquer un conflit. Cela fait de RIMPAC un exercice très dangereux.
Quel est le rôle d’Israël dans RIMPAC ?
Israël, qui n’est pas un pays riverain de l’océan Pacifique, a d’abord participé à RIMPAC 2018, puis à RIMPAC 2022 et RIMPAC 2024. Bien qu’Israël n’ait pas d’avions ou de navires impliqués, il participe néanmoins à la composante « interopérabilité » qui comprend l’établissement d’un commandement et d’un contrôle intégrés ainsi qu’une collaboration dans la partie renseignement et logistique de l’exercice. Israël participe à RIMPAC 2024 alors même qu’il mène un génocide contre les Palestiniens de Gaza. Bien que plusieurs des États observateurs de RIMPAC 2024 (comme le Chili et la Colombie) aient ouvertement condamné le génocide, ils poursuivent leur participation aux côtés de l’armée israélienne à RIMPAC 2024. Il n’y a eu aucune mention publique de leur réticence quant à l’implication d’Israël dans ces dangereux exercices militaires conjoints.
Israël est un pays colonial qui poursuit son apartheid meurtrier et son génocide à l’encontre du peuple palestinien. Dans le Pacifique, les communautés autochtones d’Aotearoa (Nouvelle-Zélande) jusqu’à Hawaï ont manifesté contre RIMPAC au cours des 50 dernières années, affirmant que ces exercices se déroulent sur des terres et des eaux volées, qu’ils méprisent l’impact négatif sur les communautés autochtones sur les terres et les eaux desquelles des exercices de tirs réels sont organisés (y compris les zones où des essais nucléaires atmosphériques ont déjà été effectués), et qu’ils contribuent à la catastrophe climatique générant la montée des eaux et menaçant l’existence des communautés insulaires. Bien que la participation d’Israël à RIMPAC ne soit pas surprenante, le problème n’est pas seulement son implication, mais plutôt l’existence même de RIMPAC. Israël est un État d’apartheid qui se livre à un génocide, et RIMPAC est un projet colonial qui menace les peuples du Pacifique et de Chine d’une guerre d’annihilation.
Te Kuaka ((Aotearoa)
Red Ant (Australie)
Workers Party of Bangladesh (Bangladesh)
Coordinadora por Palestina (Chili)
Judíxs Antisionistas contra la Ocupación y el Apartheid (Chili)
Partido Comunes (Colombie)
Congreso de los Pueblos (Colombie)
Coordinación Política y Social, Marcha Patriótica (Colombie)
Partido Socialista de Timor (Timor Oriental)
Hui Aloha ʻĀina (Hawaï)
Communist Party of India (Marxist–Leninist) Liberation (Inde)
Federasi Serikat Buruh Demokratik Kerakyatan (Indonésie)
Federasi Serikat Buruh Militan (Indonésie)
Federasi Serikat Buruh Perkebunan Patriotik (Indonésie)
Pusat Perjuangan Mahasiswa untuk Pembebasan Nasional (Indonésie)
Solidaritas.net (Indonésie)
Gegar Amerika (Malaisie)
Parti Sosialis Malaysia (Malaisie)
No Cold War
Awami Workers Party (Pakistan)
Haqooq-e-Khalq Party (Pakistan)
Mazdoor Kissan Party (Pakistan)
Partido Manggagawa (Philippines)
Partido Sosyalista ng Pilipinas (Philippines)
The International Strategy Center (République de Corée)
Janatha Vimukthi Peramuna (Sri Lanka)
Tricontinental: Institute for Social Research
Communist Party of Nepal (Unified Socialist)
CODEPINK: Women for Peace (États-Unis)
Nodutdol (États-Unis)
Party for Socialism and Liberation (États-Unis)