À la fin de la journée, la tentative de coup d’État s’est évanouie. Dans les rues de Caracas, le fait que tout l’establishment américain – du président aux sénateurs – ait applaudi Guaidó et demandé ouvertement aux militaires de se mutiner n’a guère aidé. Les quelques soldats qui ont franchi la ligne – les brassards bleus – se sont précipités à l’ambassade du Brésil pour demander l’asile. Leopoldo López, qui a quitté son domicile pour cette aventure, s’est précipité à l’ambassade du Chili. López, Guaidó et Edgar Zambrano se sont rencontrés sur un pont près de la base militaire, châtiés par le manque de soutien, leur bravade dégonflée, le sort de la nation dans les mains des autres.
À la tombée de la nuit, il était clair que le coup d’État – l’une des nombreuses tentatives au Venezuela – avait échoué. Et ce, malgré l’appui manifeste des États-Unis et du Groupe de Lima, créé en 2017 pour renverser le gouvernement vénézuélien, à Guaidó. Ce qui a empêché le coup d’État – malgré les conditions difficiles au sein de la société vénézuélienne – c’est la mobilisation massive dans les rues. Je me souviens d’avoir vu certains de ces rassemblements plus tôt cette année, le peuple déterminé à protéger la souveraineté de son pays, déterminé à permettre au processus bolivarien de trébucher contre toute attente. C’est ce qui continue d’empêcher – pour l’instant (comme dirait Chávez) – la victoire de l’oligarchie et de ses partisans extérieurs.
Le Groupe de Lima comprend la plupart des forces politiques latino-américaines de droite. Mais il a un membre inhabituel, un qui a été à l’avant-garde de ses efforts – le Canada. Pourquoi le Canada, par ailleurs si soucieux de mettre de l’avant un visage de libéralisme et de décence, est-il à la tête de la tentative de renverser un gouvernement par la force ?
Un examen attentif du gouvernement du Canada et de ses intérêts commerciaux révèle quelque chose de tout à fait différent du libéralisme désinvolte de sa réputation. En 2017, trois professeurs canadiens – Shin Imai, Leah Gardner et Sarah Weinberger – ont publié une étude intitulée The ‘Canada Brand’: Violence and Canadian Mining Companies in Latin America. Ils montrent qu’entre 2000 et 2015, au moins 44 personnes ont été tuées à la suite d’actes de violence commis autour de mines appartenant à des Canadiens en Amérique latine. Les histoires sont effrayantes, la routine de la violence et mortelles. |