Une des théories sur les crises économiques est ce qu’on appelle la “sous-consommation”. L’idée générale de cette théorie est que les biens produits ne peuvent pas être achetés par la population, car celle-ci n’a pas de ressources salariales suffisantes pour le faire. C’est un problème qui réside du côté de la demande. S’il était possible d’augmenter les ressources financières de cette population (qui représente la majorité de nos sociétés), celle-ci pourrait redémarrer une consommation supérieure et sauver le capitalisme de sa propre crise. Une approche prescrit l’augmentation de la distribution de crédit privé, de manière à ce que les gens – par l’intermédiaire de la publicité – vivent au-dessus de leurs moyens. Ils commenceront inévitablement à s’endetter, mais l’idée est que leur consommation permettra de faire redémarrer l’économie qui est alors en crise. Au long terme, ces personnes ne parviendront pas à rembourser leurs dettes. Celles-ci ne vont faire qu’augmenter et seront à l’origine de graves problèmes sociaux. Lorsque les débiteurs feront faillite à cause de ces dettes, les gouvernements seront poussés à emprunter pour alléger le fardeau des banques. Ces emprunts incitent à leur tour, chez les gouvernements néolibéraux, à la de nouveaux programmes d’austérité contre les dépenses publiques. La distribution de crédit privé pour résoudre le problème de la sous-consommation amène donc généralement à l’austérité sociale. Ce qui est le problème initial! Un deuxième point de vue préconise “d’encourager” les consommateurs avec des réductions d’impôts ou grâce à un système de transfert direct en espèces. Le gouvernement distribue ainsi lui-même son propre argent à la population pour inciter celle-ci à dépenser et plus et stimuler la croissance économique. Une fois de plus, il s’agit de s’endetter, cette fois-ci de la part du gouvernement, pour sauver le capitalisme. De même, la dette va augmenter considérablement, et le gouvernement sera obligé de suivre un programme d’austérité pour calmer les créditeurs et le FMI (à ce sujet, lire l’article récent de Celina Della Croce – la coordinatrice du Tricontinental: Institut de recherche sociale – qui explique que lorsque le FMI intervient, rien de bon en ressort). Une fois de plus le résultat final sera l’austérité sociale, ainsi que la diminution du pouvoir d’achat de la population. Le cycle ne fera ainsi que se perpétuer, se répéter indéfiniment. Soit les ménages et les individus, soit l’Etat doivent s’endetter pour accroître la consommation globale et sauver le capitalisme de ses propres griffes. En faisant de la sorte, le capital n’a quant à lui rien besoin de sacrifier. Il peut poursuivre sa recherche insatiable de la rentabilité. Le capital cherche à augmenter la rentabilité de diverses manières, telles que:
- Remplacer les êtres humains par des machines, ou rendre les humains plus efficaces. Les entreprises peuvent ainsi diminuer le nombre d’employés, tout en profitant des gains de la rentabilité et de l’automatisation et en bénéficiant de leur avantage compétitif pour se débarrasser de leurs rivaux.
- Délocaliser (transférer) leurs usines dans les régions à faibles salaires et où les règlements relatifs aux conditions de travail et à l’environnement sont plus laxistes.
- Réduire le fardeau des impôts en faisant une grève contre les taxes et en transférant leur argent dans les paradis fiscaux.
- Transférer le capital du secteur de la production à celui de la finance et des activités commerciales et rentières.
- Acheter des biens publics à des prix faibles et les utiliser pour faire un profit.
Ces stratégies permettent aux capitalistes d’augmenter leur richesse personnelle, tout en réduisant celle de la société. On demande aux gens d’être patriotes, mais au capital il suffit d’être rentable. Cette situation représente de vrais défis pour la gauche. Une première série de défis consiste à trouver des façons d’organiser la population qui a perdu espoir dans la société et dont les rêves ont été rejetés. La deuxième série nécessite la recherche d’un programme politique permettant de sortir de ce système. Quels sont ces défis auxquels nous faisons face si nous voulons mobiliser la population contre ce système inacceptable? |